• L'activisme, ou l'art de "faire pour faire"

    Proposer des activités manuelles variées, c'est très bien. Céder à l'activisme (c'est à dire l'activité pour l'activité), c'est moins bien.

    Certains parents pensent que si leur enfant rentre du centre de loisirs, de la halte-garderie ou de chez leur AMA, notament en période de fêtes, sans un rouleau de papier-toilette transformé en maracas, c'est qu'il n'a rien fait de sa journée. Le cadeau serait donc une sorte de preuve visant à rassurer les parents.  

    Moi, je pense que "l'activité pour l'activité à tout prix", sert au contraire à rassurer l'AMA (ou l'équipe d'animation dans le cadre d'un centre de loisirs) sur ses propres capacités à occuper l'enfant, à lui "apprendre" quelque chose.

    Le cadeau brandi comme un trophée représente bien plus qu'il n'en est, une sorte de légitimité, un justificatif concret et matérialisé que l'on dépose dans la main des parents pour leur montrer à quel point on a bien rempli son devoir.

    Moyen de se valoriser (un petit manque de confiance, peut-être?), ou moyen de garde tout court?

     

    L'activité "pour l'activité", cela va à l'encontre du principe selon lequel il faut adapter l'activité au potentiel et aux attentes de l'enfant et non l'inverse, et ainsi l'amener doucement à progresser,  multiplier ses compétences et son envie d'acquérir ces dernières.

    Faire pour faire, c'est un non-sens. 

    (Surtout lorsque c'est l'AMA qui a fait 90% du travail le soir à 22h pour terminer le cadeau dans les temps).

     

    Non aux colliers de nouilles imposés à date fixe, aux cadeaux uniformisés qui mourront dans la poubelle, au rouge qui ne doit pas dépasser dans la case bleue, aux stéréotypes prévisibles, aux échéances, aux normes.

    Chaque enfant est unique, sa manière de s'exprimer également. 

    Alors OUI aux dessins, aux collages, à la peinture, aux sablés, à la pâte à sel, à la pâte à modeler, aux gommettes... dans le respect le plus strict du rythme de l'enfant, de sa compréhension des choses, de ses envies, de ses capacités, de ses humeurs.

    OUI aux moments de lecture baignés de douce musique, aux chants, aux mimes, aux instants de rêverie pure, aux histoires chuchotées à l'oreille, aux éclats de rire

     

    Un tout-petit ne fait jamais "rien". Rêver permet de grandir. Même en regardant tourner son mobile, l'enfant se construit, l'enfant découvre. Halte à la sur-stimulation, laissons le rythme personnel de l'enfant imposer son tempo.

     

    Une idée de lecture : 

    "Vivre en crèche, remédier aux douces violences" (Christine Schuhl)

     

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